mardi 1 septembre 2009

Papa, si tu meurs...


J’ai vécu plein de moments forts cet été (et j’espère que vous aussi). Mais le plus touchant, c’est quand ma plus jeune fille m’a dit, un soir, au moment où je venais l’embrasser : « Papa, je t’aime trop, si tu meurs, je me suicide. » Sacré choc. Je me suis retrouvé les deux pieds dans ma théorie des états d'âme : immensément touché à la fois en douceur (quel message d’amour !) et en douleur (quelles inquiétudes derrière ce message ? et quels risques réels si je me fais écrabouiller par un autobus tout à l’heure ?).
En bon psy, je me suis rassuré moi-même : « Bon, réjouis-toi qu’elle t’aime aussi fort, et débrouille-toi pour ne pas mourir. Euh, en tout cas, pas trop vite... Et puis, tu sais pourquoi elle pense à ça : nous venons d’arriver chez ses grands-parents, et elle a vu leur vieux chien, tout ralenti, couché dans son coin, et elle a senti que son heure arrivait ; comme elle l’aime bien, elle a pensé à tout ceux qu’elle aimait, etc. » OK, OK, mais je me sens bien secoué tout de même.
Car au bout de tout ça, il y a notre destin d’humains, ce chemin que nous devons tous emprunter : aimer la vie puis la quitter ; aimer puis se séparer. Impossible de rester impassible. Exister c’est vibrer, et aimer c’est trembler. C’est Delherm qui écrivait « Le bonheur, c’est d’avoir quelqu’un à perdre. » Avant de perdre, aimons donc très fort. Et pensons au bonheur plutôt qu'à la perte.

Illustration de Grégoire Solotareff.