vendredi 23 octobre 2009

Bonnes vacances


PsychoActif va s’interrompre pendant 15 jours pour cause de vacances (scolaires, et un peu de rabiot) : l’occasion de faire un petit point...
Merci de votre fidélité : nous sommes de plus en plus nombreux à réfléchir et discuter autour de ces moments que nous offre la vie quotidienne de nous interroger et de progresser. Chaque jour, avec intérêt et curiosité, je lis vos interventions.
La plupart sont approbatrices, cela me fait plaisir. Certaines sont parfois critiques, et cela aussi m’est utile. Presque toutes sont contributrices : elles nourrissent et élargissent la discussion, nous apprennent de nouvelles choses, nous entraînent vers de nouveaux thèmes.
Je n’interviens presque plus dans les débats, non parce que cela ne me concerne pas, vous l’avez compris, mais parce qu’il me semble qu’il s’agit d’une discussion entre mes invités, qui sera plus féconde si je ne m’y implique pas. Moi, j’ai déjà parlé et donné mon avis. Je préfère ensuite suivre la conversation depuis la cuisine à côté, tout en préparant le plat suivant…
Encore une fois, merci beaucoup d’enrichir ainsi cet espace de discussion sur les petits riens de notre quotidien.
Bonnes vacances à celles et ceux qui en prennent, bon courage pour les autres, et on se retrouve le lundi 9 novembre.

Illustration : un beau départ en vacances ; carte postale trouvée à Dresde, dans un vieux stock datant du temps de l'Allemagne de l'Est.

jeudi 22 octobre 2009

Avant d’ouvrir ton smoothie, fais-lui danser la Tecktonik !


Un jour, je prends dans le frigo un smoothie, vous savez ces jus de fruit épais, avec la pulpe, à la mode. Au moment d’y planter ma paille, je regarde la boîte, rigolote, pleine de couleurs et de petits textes en lettres colorées.
On m’y explique gentiment qu’il faut secouer l’emballage de mon jus de fruit avant de le boire : « Avant d’ouvrir ton smoothie, fais-lui danser la Tecktonik ! » Ah, d’accord, je secoue, je secoue. Bon, c’est plus sympa que le classique « agiter avant ouverture ». Et au moment de planter ma paille, je vois écrit à l’emplacement du trou : « Fait noir là-dedans ! » Pfff. Du coup, j’arrête de lire tous ces trucs, ça me rappelle trop les gamins pendant leur petit-déjeuner, encore mal réveillés, en train de lire les textes pas très futés écrits sur leurs paquets de corn-flakes.
Puis, je ne sais pas pourquoi, ça me donne un petit coup de vieux. Enfin si, je sais pourquoi : je me sens un peu loin de ce vocabulaire. Mais ça me fait sourire en même temps : c’est bien comme ça, que je ressente de temps en temps des petits coups de vieux. S’il n’y avait pas régulièrement toutes ces micro-occasions, tous ces petits rappels de notre âge réel, nous serions scandalisés de vieillir puis de mourir. Ne pas vouloir faire danser la Teccktonik à son jus de fruit malgré les injonctions, l’air de rien, ça nous prépare à accepter, à renoncer, à assumer notre âge. Où est le problème ?
Sinon, vieillir, c’est continuer de se sentir jeune dedans et constater tout à coup avec perplexité, parfois avec effroi, qu’on fait vieux au-dehors…

mercredi 21 octobre 2009

Tristesse

"
La tristesse descend et se pose comme la nuit, comme le brouillard, comme la neige, sur toute chose sans discrimination."

Éric Chevillard, dans son blog L'Autofictif, le 14 octobre 2009.

mardi 20 octobre 2009

Sourire dans le métro


L’autre jour, j’étais dans le métro. Je regardais les autres voyageurs, j’aime bien ça : les observer (aussi discrètement que possible), me demander qui ils sont, quel genre de vie ils mènent, qu’est-ce qu’ils font dans la vie, où ils vont, à quoi ils sont en train de penser ou de rêver ?
Comme j’étais de bonne humeur, j’étais aussi sensible au fait que peu d’entre eux souriaient ou avaient l’air de bonne humeur. Juste un ou deux visages légèrement souriants dans le wagon. Mais ça faisait du bien de les regarder. Alors je me suis joint à ce petit concert discret : j’ai tiré doucement sur mes zygomatiques et je me suis mis un tout petit sourire sur le visage. Pas trop gros pour ne pas incommoder ou déranger. Juste le petit sourire tranquille, les yeux dans le vague, de la personne qui pense à ses vacances ou aux gens qu’elle aime ou à quelque chose d’agréable qu’elle a vécu ou qu’elle va vivre. Juste comme ça, pour participer à l’amélioration de l’ambiance dans le wagon de métro. Pour tenter de faire doucement sourire, à mon tour, celles et ceux que ça intéressait de regarder les têtes des autres…

lundi 19 octobre 2009

428


« 428 est une année sans autre événement mémorable que la chute du royaume d'Arménie, perdu aux confins d’un Empire romain déclinant. Pourtant, cette année ordinaire est loin d’être une année sans histoire : rien n’est fait, rien n’est joué, tout est en train de changer. Le paganisme s’étiole avec panache, les nouveaux gouvernants ont des noms qui quelques années auparavant auraient semblé barbares. Les temps changent, imperceptiblement : le crépuscule de l’Antiquité devient l’aube du Moyen Âge… »

J’ai été fasciné par ce livre qui raconte une année ordinaire d’un monde finissant. Une année banale, que personne n’a particulièrement retenu dans l’Histoire, qui ne figure dans aucun manuel. Mais si riche en événements, en personnages incroyables.

Comme 2009.
Comme nos vies.
Comme nous.
Tout petits, tout perdus face à l’immensité du temps qui avance.
Mais tout vivants, présents, riches et incroyables.

Illustration : le livre 428, aux Éditions des Belles Lettres.

vendredi 16 octobre 2009

Pas contente, la dame ?


Avec ma fille aînée, il y a plusieurs années, alors qu’elle avait 3 ou 4 ans. Nous passons devant une grande affiche publicitaire, où des mannequins prennent la pose pour vanter une marque de vêtements. Je sens sa main qui tire la mienne pour que nous nous arrêtions, et je la vois qui observe attentivement l’affiche, le regard sombre et concentré.

Je lui demande ce qu’elle regarde, elle me répond vaguement que rien, qu’elle regarde juste l’affiche, puis nous repartons. Quelques minutes plus tard - comme d’habitude avec elle, chez qui les grandes questions arrivent toujours après un temps d’incubation – elle me demande : « Papa, pourquoi ils avaient l’air pas content, les gens sur la photo ? »

OK, j’ai compris… Son arrêt prolongé devant l’affiche, c’est qu’elle cherchait la clé de l’énigme : si ces gens font la tête, c’est qu’il y a un problème : ils se sont disputés, il y en a un ou une qui a fait une bêtise, qui a cassé un truc. Et du coup, ils ne sont pas contents. Mais elle n’a rien trouvé dans la pub qui révèle la clé de l’énigme : juste de beaux jeunes gens, bien nourris, bien vêtus, mais qui font la tête, l’air pas contents, sans qu’on perçoive clairement pourquoi.

Comment lui expliquer ça ? Comment me l’expliquer moi-même, d’ailleurs ? Je suppose que si on leur a dit de prendre cette tête peu avenante, comme on le voit régulièrement sur certaines pubs depuis les années 90, c’est pour de « bonnes » raisons, en termes de pub : ça change des sourires niais de certaines autres pubs ; ça donne un air supérieur et dominant, de sembler mépriser les passants ; ça attire l’attention (la preuve…). J’ai dû répondre à ma fille un truc du genre : « oh, ils font un peu leurs malins pour qu’on les regarde, je suppose ». J’ai dû lui demander aussi : « tu en penses quoi toi ? », mais il me semble qu’elle ne m’a rien dit, elle n’avait pas d’idée précise. Parce que pour elle, à l’époque, si on faisait ce genre de tête, c’est qu’il y avait un problème.

Elle est depuis devenu adolescente, et certains jours, elle adopte la tête "mannequin-pas-content" dès le petit déjeuner. La faute à l’adolescence ou à la pub ? Ou la faute à personne : la vie, c’est comme ça…

Illustration : mannequin pas content, dans le magazine Elle.

jeudi 15 octobre 2009

Jardinier


Dans les moments de grande surchauffe professionnelle, comme en ce moment, je rêve d’être jardinier.
Je m’imagine tranquille en train de bêcher, ratisser, planter, tailler. Entouré du chant des oiseaux, respirant de l’air pur. Personne pour me mettre la pression. Du temps devant moi pour m’arrêter, sourire en regardant passer un nuage, tomber une feuille, s’envoler une coccinelle.
Je sais que la vraie vie des vrais jardiniers ne ressemble pas toujours (ou pas du tout ?) à ça. Mais ça me fait du bien d’en rêver un instant.
Devenir jardinier, dans mon cas, fait partie de ces « illusions chaleureuses" dont nous avons tous besoin, par moments…

Illustration : publicité trouvée dans ma boîte à lettres, mais je n’ai pas testé ce Christophe jardinier, c'est donc une pub SGDCA (« Sans Garantie De Christophe André »).

mercredi 14 octobre 2009

mardi 13 octobre 2009

Rechute


Vous n'allez pas le croire, j'ai encore eu une histoire avec un 4x4 ! Décidemment…
Hier matin, dans une petite rue tranquille, je traverse au passage clouté (sans regarder le feu, j’avoue). Il n’y avait pas de voiture à l’horizon. Et là, poum !, un 4x4 qui déboîte un peu vite d’un croisement proche, et que je force à freiner pour finir de traverser. Pas contente, la conductrice m’envoie un coup de klaxon, et me montre le panneau piéton au rouge, d’un petit mouvement autoritaire. Pas d’insultes ni de gestes agressifs. Mais ça m'agace quand même.
Oui, mon premier réflexe, c'est l’agacement : « Eh, ho ! t’as qu’à rouler moins vite », que je me dis. « J’étais sur un passage piéton avant que tu ne déboules, tout de même ! Même si c’était au rouge... Je n’ai pas sauté devant tes roues exprès… »
Puis je me souviens de mes résolutions en faveur des 4x4 (voir la discussion d'hier). Et surtout, je me dis que j’étais tout de même en tort. Que c’est plus simple de cohabiter dans la ville si chacun respecte les règles. Et que la dame a raison, même si elle roule dans une trop grosse voiture. Euh, non pardon, ça, c'est de trop...
Désolé, madame, vous avez raison, je n’aurais pas du traverser au feu rouge. Et si je me fais klaxonner dans ce cas-là, je le prends pour moi. J’assume.
Mais c’eut été plus cool si vous m’aviez fait le petit geste vers le feu piéton au rouge avec un grand sourire. C’est ça : j’aurais été plus sensible à cette petite « correction fraternelle » comme disent les chrétiens, si vous me l’aviez administrée avec le sourire plutôt qu’avec un coup de klaxon et les sourcils froncés.
J’en demande trop ? Peut-être. Mais si on s’y mettait tous, la vie serait un peu plus agréable et surprenante et enrichissante, non ? Alors je me suis dit que si ça m'arrive à nouveau, je commencerai par ma part de boulot, je ferai un petit signe d'assentiment à la dame. J'essayerai. En plus, peut-être aura-t-elle changé de voiture...

Illustration : Dispute de chats, de Goya.

lundi 12 octobre 2009

Mes copains en 4x4


J’ai des préjugés. Plein de préjugés. Comme tout le monde, d’accord, mais quand même, j’aimerais bien en avoir moins.
Les 4x4 par exemple (voir mon billet du 24 septembre). J’avoue que les conducteurs de 4x4 démarrent dans mon estime avec des points en moins ; s’ils sont sympas et tout ça, je change d’avis sur eux, quand même. Mais ils partent de plus bas que les conducteurs de 2CV ou de 4L. Bon, si je vous parle de ça, vous vous doutez que j'ai une histoire à vous raconter. La voici...
L’autre jour, alors que je venais animer un atelier pour des collègues dans le Sud de la France, le copain qui vient me chercher à la gare arrive dans un magnifique et énorme 4x4, rutilant, géant. Glups…
Je ne sais pas trop comment on se met à parler de ça, mais ça y est, on aborde le sujet : les conducteurs de 4x4. Je lui avoue mes a priori négatifs. Il me dit : « Je sais, je sais ; je lis ton blog de temps en temps ». Re-glups…
Et il me raconte le pourquoi du comment : gamin, il rêvait du Paris-Dakar, s’imaginait en pilote de rallye. Alors devenu grand, devenu docteur, un jour, au moment de changer de voiture, il a commis l’erreur fatale : il est allé se renseigner, « comme ça, pour voir », chez un concessionnaire spécialisé en 4x4. Fichu, cuit, piégé. Il en est ressorti avec un gros 4x4.
Et il me raconte comment il se fait régulièrement foudroyer du regard, apostropher par d’autres conducteurs agacés. Comment on ne pardonne pas aux 4X4 ce qu’on pardonne aux petites voitures : bloquer une rue quelques minutes pour décharger des bagages, se garer sur le trottoir. Tout de suite, les pensées agressives jaillissent, et parfois les paroles : « ils se croient tout permis avec leur grosse bagnole ! » Et il me raconte comment, du coup, se sentant catégoriellement mal-aimé, il essaie de son mieux de, justement, conduire doucement, laisser passer les piétons, accorder la priorité sans rechigner, etc. Pour qu’on lui pardonne de rouler dans son gros jouet.
Je l’écoute en souriant. Bon, c'est vrai, au fond, tous les préjugés sont à repousser ; je vais essayer désormais de ne pas juger trop vite ces conducteurs. Et quand ils feront des trucs agaçants, me demander : « s’ils étaient dans une petite voiture, tu dirais la même chose ? »
Je vous tiens au courant…

vendredi 9 octobre 2009

Nos têtes de 20 ans



L'autre jour, j'étais invité à Tarbes à un congrès médical, de gynécologie plus exactement (pour y parler de l'estime de soi et de l'image du corps). Cela m'a permis d'y retrouver vieux copains et copines du temps de mes études de médecine à Toulouse : trois amies gynécologues, un ami chirurgien.
J'étais un peu ému de ces retrouvailles, tant d'années après (presque 20 ans que j'ai quitté Toulouse). Et rassuré, bizarrement, de les reconnaître si facilement : il me semblait qu'ils n'avaient pas changé, même sourires, mêmes regards, mêmes expressions du visage, même façon de parler. Malgré les rides au coin des yeux, l'impression que le temps n'a pas été si cruel avec nous. Est-ce du déni, de l'autosuggestion ? Ou est-ce que nous ne sommes pas encore devenus vieux, vraiment vieux ?
Dans l'avion du soir qui me ramenait à Paris, en regardant par le hublot, je repensais à ces visages des vieux amis. Tout songeur. Vagues successives d'états d'âme. Douce joie de les avoir revus, d'avoir reparlé du bon vieux temps. Puis douce tristesse de la conscience de ce temps qui a, malgré tout, passé. Je repense (encore ! voir le billet d'hier...) à la chanson de Léo Ferré : "Avec le temps, va, tout s'en va..."
Mais non, Léo, tout ne s'en va pas. Pas complètement. Pas tout. Il nous reste plein de souvenirs heureux. Et de souvenirs futurs. Je sais que dans quelques années, je repenserai avec bonheur à ces retrouvailles, à la douceur de l'automne pyrénéen qui les baignait. Content malgré tout qu'on se soit revus. Peut-être pour la dernière fois ? Peut-être, mais heureux quand même, vraiment, tout au fond de moi.

Illustration : ma tête à 20 ans, dessiné par un ami de l'époque, Patrick, qui étudiait alors aux Beaux-Arts et qui est depuis devenu... psychiatre !

jeudi 8 octobre 2009

Les mots des pauvres gens


J'ai toujours été touché par ce passage de la chanson de Léo Ferré, Avec le temps, ce passage où il parle des "mots des pauvres gens" :

Avec le temps...
Avec le temps, va, tout s'en va
On oublie les passions et l'on oublie les voix
Qui vous disaient tout bas les mots des pauvres gens
Ne rentre pas trop tard, surtout ne prends pas froid...


Ces mots simples, pour exprimer le souci de l'autre, qu'on aime, auquel on est attaché, et à qui on exprime son attachement et son amour juste en lui disant des choses plates, évidentes, matérielles. Pauvres, finalement. Mais parce qu'on n'a jamais appris à parler riche, à parler poésie, émotions, sentiments. Parce que la vie n'a jamais permis qu'on l'apprenne. Parce qu'il y avait d'autres urgences, d'autres nécessités, d'autres priorités.

Illustration : Vincent Van Gogh, Les mangeurs de pommes de terre.

mercredi 7 octobre 2009

Une patiente

Une patiente qui a du mal dans la vie, plein de problèmes psychiatriques. Du mal, beaucoup beaucoup de mal, à se faire des amis. Et à les garder. Heureusement, elle a une soeur qui l'aime et s'en occupe de son mieux. Elle l'invite souvent et lui présente ses connaissances à elle. Alors la patiente me résume ça d'une formule lumineuse : "Ma soeur est très sympa avec moi, elle me prête ses amis..."

mardi 6 octobre 2009

Tiens-toi droit(e) !


Notre état mental s’exprime largement au travers de notre corps. Par exemple, lorsqu’on est triste, on a tendance à baisser les yeux, à parler plus lentement, d’une voix plus grave.
Et ce que de nombreuses études scientifiques montrent aussi, c’est que la manière dont nous nous tenons (que notre posture soit droite ou voûtée, etc.) influence en retour notre mental. Si l’on fait par exemple remplir des questionnaires de satisfaction existentielle à des volontaires, on obtient des résultats différents selon qu’on leur ait fait passer ces questionnaires sur une petite table basse, qui les force à se voûter et à se rabougrir, ou sur un pupitre assez haut, leur permettant de tenir tête et corps bien droits. Remplir le questionnaire dans une posture repliée modifie la satisfaction à la baisse, et à l’inverse, le remplir dans une posture droite pousse à la hausse.
Quand vos parents vous disaient : « tiens-toi droit(e) ! », vous ricaniez ? Vous aviez l’impression que cela ne servait à rien ? Eh bien, vous aviez tort.
Au fait, j’espère que vous n’êtes pas en train de lire ces lignes tout(e) avachi(e) ?!

lundi 5 octobre 2009

Entraînement de l’esprit


Pourquoi la méditation est-elle ainsi devenue, depuis quelques temps, en plus d’un outil de psychothérapie à part entière, un quasi-phénomène de mode ?
C’est très logique. Nous éprouvons le besoin de faire du sport au fur et à mesure que nous sommes sédentarisés et suralimentés. Et nous éprouvons le besoin d’exercices d’intériorisation – comme ceux que propose la méditation - au fur et à mesure que nous sommes sursollicités, soumis à un tapage constant (musique permanente, publicités omniprésentes), submergés sous les interruptions et les vols d’attention (coups de téléphone, SMS, mails, Twitter). Si nous n’y prenons pas garde, nous allons devenir des handicapés de l’intériorité, incapables de penser ou de contempler de manière continue plus de trois minutes, comme d’autres sont incapables, à cause du manque d’entraînement, de courir plus d’un quart d’heure.
Voilà pourquoi cultiver notre intériorité n’est pas seulement un luxe, mais une nécessité.

Illustration : derviche tourneur découpé dans une revue (Télérama ?)

vendredi 2 octobre 2009

Psychologie positive


L’autre jour, j’animais un atelier pour thérapeutes sur le thème de la Psychologie Positive. Nous étions en train de réfléchir à des exemples de ces moments de vie où nous nageons dans le stress, mais qui, avec quelques jours ou mois de recul, s’avèrent ne pas avoir été si graves. C’est très utile de réfléchir régulièrement à de tels instants, où nous déclenchons de grands branle-bas de combat émotionnel - rages, afflictions, énervements - pour des événements finalement de peu de portée sur le cours de notre vie. Comme le disait Cioran, « nous sommes tous des farceurs : nous survivons à nos problèmes ».
Bref, chacun – c’était l’exercice - réfléchissait à des exemples concrets. Un de mes collègues lève alors la main pour raconter son histoire. La voici, telle que je l’ai mémorisée, j’espère que je ne le trahis pas trop…
« J’étais en vacances dans un bel endroit du Sud de la France, sur une route complètement déserte, et ma voiture tombe en panne. À l’époque, pas de portable, aucun moyen d’appeler au secours assurances, dépanneuses ou garagistes. Il me fallait donc faire 7 ou 8 km à pied jusqu’au village voisin. Je les ai faits en pestant. Mais ce qui est bizarre, c’est qu’aujourd’hui, quand je repense à ce moment, ce n’est pas le souvenir du stress qui me revient, mais celui de la beauté du paysage dans lequel j’ai marché pendant une heure…. »
J’ai adoré ce petit récit : lorsque le stress nous submerge, il occulte et recouvre tout ce qu’il y a de bon ou de beau dans la situation. Et ce n’est que lorsqu’il reflue, par exemple avec le temps, que le beau et le bon peuvent réapparaître. C’est bien de s’en rendre compte et de savourer, au moins après coup. Mais évidemment, pouvoir faire le boulot à chaud, arriver à se dire « OK vieux, c’est hyper-énervant, voilà, c’est bon. Maintenant, tu fais quoi, tu fulmines pendant une heure ou tu marches en admirant ? », c’est exactement ce que l’on cherche en psychologie positive. Pas seulement limiter le stress (c’est le travail, nécessaire, que l’on fait en psychothérapie) mais aussi cultiver régulièrement nos capacités à admirer, nous réjouir, extraire le positif du négatif ; c’est l’ambition de la psychologie positive : donner encore plus de place aux émotions positives, pour qu’elles gênent la croissance des négatives.
Comment ? Une question dans le fond de la salle ? Pour moi ? Si je me serais énervé moi aussi dans cette situation ? Hélas, je dois avouer que oui, probablement... Pourquoi croyez-vous que je me passionne pour la psychologie positive ?!!

Illustration : les gorges de la Dordogne, par l'excellent Frédéric Richet.

jeudi 1 octobre 2009

Fin de thérapie ?


On nous pose souvent la question de savoir quand arrêter une thérapie.
On le voit à peu près (et encore, pas toujours…) dans les thérapies comportementales, ciblées sur la diminution ou la disparition d’un problème, l’atteinte d’un objectif défini au départ. Mais pour les autres, les thérapies de soutien, les thérapies humanistes, etc., comment savoir ?
J’ai l’habitude de répondre que la fin d’une thérapie, c’est quand le patient commence à s’ennuyer, à avoir le sentiment de tourner en rond, le sentiment qu’on se répète ou qu’on ronronne. C’est parfois confortable, la question n’est pas là. Mais ce n’est plus vraiment de la thérapie.
Il me semble qu’alors, il vaut mieux espacer, puis interrompre. Quitte à reprendre autre chose, ailleurs, si besoin. Ou à revenir plus tard. Ou tout simplement à arrêter toute forme de thérapie, et à continuer de progresser sur d’autres chemins.
Enfin, tout ça, ce n’est que mon avis…