jeudi 30 septembre 2010

L’électricité quand il pleut


C’est une petite scène à laquelle j’ai assisté l’autre jour.

Une dame âgée, alors que la pluie commence à tomber, passe avec son petit chariot de marché devant un immeuble, où elle ne semble pas résider elle-même. Elle s’adresse gentiment à deux ouvriers électriciens qui font une réparation devant la porte : «Attention, messieurs, vous savez, c’est dangereux l’électricité quand il pleut, soyez prudents !»
Les deux messieurs sourient poliment : «Merci madame, on a l’habitude...»
À quelques mètres se trouve leur camionnette, avec tous les logos attestant que leur entreprise est effectivement spécialisée en installations électriques.

Comment dire ? Cette gentillesse gratuite - et un peu naïve - de la vieille dame pour les deux inconnus m’a touché et réconforté. Et j’aime bien être touché et réconforté...

Illustration : est-ce quelqu'un a prévenu les électriciens qu'il y avait un petit souci ?

mercredi 29 septembre 2010

Travailler tout seul

"Dieu a créé le monde en sept jours. Mais il a eu la chance de pouvoir travailler seul."
(Kofi Annan)

PS : la citation prend toute sa saveur lorsqu’on se rappelle que Kofi Annan fut secrétaire général des Nations Unies pendant 10 ans...

mardi 28 septembre 2010

Arrêtez le massacre


L'autre jour, je suis tombé sur une carte postale très drôle : c'était une pile de vrais livres, dont les vrais titres s'enchaînaient et se répondaient, en construisant une énumération significative.

Celle de l'image que vous pouvez voir, par exemple, c'était :

L'éducation de l'oubli
La conquête du courage
La connaissance de la douleur
L'invention de la solitude
et le dernier :
Arrêtez le massacre


Je dois être de bonne humeur en ce moment : ça m'a fait mourir de rire, ce détournement cocasse...
Ces séquences se trouvent réunies dans un petit livre peu connu mais très malin : Au diable les écrivains heureux, par Laurent Dursel. Un bon investissement pour sa bonne humeur...

lundi 27 septembre 2010

Regarde les voitures rouler...


Quand on est sur l’autoroute, et qu’on passe sous un pont, dans la campagne, on voit souvent un monsieur arrêté (je n’ai jamais vu de dames faisant ça, ou alors j’ai mal regardé) qui observe le flot des voitures.
Je me suis souvent demandé pourquoi ces gens se mettaient là à voir défiler les bagnoles : il y a tellement de choses plus intéressantes et plus belles à regarder.

Et puis l’autre jour, en faisant une ballade en vélo autour de Paris, je suis passé sur un pont qui enjambait une grosse autoroute (8 voies). J’ai repensé à mes interrogations métaphysiques sur les car-spotters *, et je me suis arrêté moi aussi, pour essayer de comprendre.

Eh bien, j’avoue que j’ai un peu compris ! Malgré le bruit et l’odeur, pas terribles, j’ai découvert que c’était un spectacle tout de même fascinant, ce flot lent (grâce à la perspective en surplomb, qui aplatit et ralentit) de voitures de toutes couleurs, qui circule avec fluidité et une certaine grâce, comme un grand troupeau en fuite.

Cela fait une bonne cible mouvante pour l’attention, comme on dit en méditation.
Bon, d’accord, il y a mieux dans la nature : les nuages, les vagues, la flamme du feu. Mais cet énorme flot de ferrailles qui se suivent, se dépassent, s’évitent (en principe), ça a quelque chose d’une fascinante harmonie inhumaine.

* Le carspotting, c’est comme le trainspotting, mais avec des voitures. Ce que c’est que le trainspotting ? Une ferrovipathie...

Illustration : quand il y a beaucoup beaucoup de voitures, on peut carspotter avec des potes...

vendredi 24 septembre 2010

C’est presque moi...


Entendu l’autre jour ce message sur le répondeur téléphonique d’une amie : «Bonjour, c’est X. Enfin, presque... Laissez moi quand même un message.»

J’aime bien ce «enfin presque». La voix et l’accueil sont là, pas la personne. Comme les mails ou les SMS : ce sont des échanges d’informations auxquels il manque tout le non verbal du face-à-face. Donc : presque des communications.

En tout cas, ça m’a bien plu ce petit «presque» qui m’a fait sourire et réfléchir. C’est décidé, je vais changer le message de mon répondeur. Ce sera désormais : «Bonjour, c’est presque moi !»

Illustration : Graham Bell, l'un des inventeurs du téléphone, laisse un message sur son répondeur en 1876...

jeudi 23 septembre 2010

Tierces contenues


Je parlais récemment avec des proches de la logique des sites Internet : accrocher l’internaute pour qu’il reste captif, qu’il multiplie les clics, et soit exposé au maximum aux messages du site.

Mais il existe aussi des sites à la logique inverse, comme celui-ci, d’un poète de mes amis, Jean Déserh : http://www.lestierces.fr/
En y arrivant, vous pourrez y lire un court poème.

Un exemple, que j'adore :

Les consonnes à vélo
Soutiennent les
Voyelles

Si ça vous plaît, vous pourrez en lire deux autres (en cliquant sur la parenthèse de droite). Puis, ce sera fini. Il vous faudra revenir plus tard, vous êtes gentiment poussé vers la sortie...

Exactement à l’opposé de notre logique matérialiste : de tout, beaucoup et à volonté. Mais totalement adapté à la poésie, où le trop peut parfois écoeurer, et où, surtout, c’est ce qui se passe en nous après la lecture du poème qui compte.

Illustration : livres de poésie (non disponibles online) attendant des lecteurs.

mercredi 22 septembre 2010

"N'est-il pas honteux que les fanatiques aient du zèle et que les sages n'en aient pas ?"
Voltaire

Voulait-il dire que s'efforcer d'avoir une pensée mesurée et nuancée peut parfois être un frein aux actions et aux proclamations ? Et que du coup, les "sages", ou disons les mesurés, se font moins entendre que les énervés ?
Je n'ai pas retrouvé le contexte de cette phrase, pour pouvoir l'affirmer.
Si quelqu'un connaît la source de la citation, je suis preneur...

mardi 21 septembre 2010

Inspiration ou observation


On me demande parfois d'où je sors les idées pour écrire chaque jour sur ce blog.
Je ne parle que de moments ordinaires, et je ne les sors pas de mon cerveau mais du monde qui m'entoure, et de son impact sur moi. Mon "inspiration" n'est que de l'observation, et c'est pourquoi mes sources se tarissent si je suis stressé ou perturbé : à ces moments, je n’ouvre plus les yeux sur le monde mais je suis englué dans mes ruminations, c'est-à-dire dans un petit univers clos et sans intérêt.
Dès que je vais mieux, mes yeux se rouvrent : il me suffit d’observer pour trouver des (petites) choses à raconter. Ensuite, c’est juste comme une rédaction de français : il faut s’asseoir un moment et travailler un peu. C'est facile, un travail d’artisan, pas d'artiste, auquel il faut consacrer un peu de temps et d'application. Rien de bien sorcier. Un boulot de passeur, comme on dit...

lundi 20 septembre 2010

La petite fille qui voulait être une maman


L’autre jour, je bavarde avec une petite fille (10 ans). Très sérieuse, elle m’annonce qu’elle adore les bébés, et qu’elle veut en avoir trois ; elle a déjà les prénoms en tête, et tout ça. Sa maman me confirme que c’est sa passion, s’occuper des bébés qu’elle croise; et qu’effectivement, elle parle très souvent de ce projet de maternité.

Je me dis : «c’est mignon, et c’est drôle cette vocation si précoce».
Et puis, comme ce jour-là je suis un peu dans le spleen, je me dis ensuite : «la pauvre, si par hasard elle ne peut pas avoir d’enfants, elle sera du coup deux fois plus malheureuse qu’une petite fille à qui ce projet serait venu une fois devenue grande».
Et puis, encore un peu plus tard, alors que je fais une petite ballade sous la pluie, et que sans doute je suis en train d'aller mieux de mon spleen, une autre pensée arrive toute seule à mon esprit : "même si ça lui arrive, de ne pas avoir d'enfant, elle sera sans doute plus maligne que toi, et elle s'en sortira autrement qu'en gémissant et regrettant ; en aimant les enfants des autres, par exemple, ou en ayant une belle vie."
Je me sens mieux pour elle, et au lieu de penser à notre échange en me disant "pourvu qu'elle ait des enfants", je me dis "pourvu qu'elle soit heureuse."

Et là, bizarrement, je ne doute pas qu'elle le soit.

Illustration : fillette à la poupée, par Liotard.

vendredi 17 septembre 2010

Elle m’a dit oui...


Il y a dans le film Out of Africa, que j’ai revu cet été, plusieurs scènes d'anthologie (dont celle d'un shampooing très sensuel).

Mais il y en a une, très brève, que j’aime particulièrement...

L’héroïne, la romancière Karen Blixen (jouée par Meryl Streep) est délaissée par son mari, et tombe amoureuse de Denys Hatton, un aventurier sympathique (incarné par Robert Redford). Un jour, le mari rentre à l’improviste et tombe sur Denys, qu’il connaît bien par ailleurs. Il lui dit alors, avec flegme : «Vous auriez pu demander la permission...» Et Denys de répondre : «Je l'ai fait ! Elle m’a dit oui...»

C'est pas la classe, ça ?

PS : Savourez cette réplique en anglais («I did ! She said : yes...») avec la belle voix grave de Redford, dans la bande annonce.
Et réécoutez aussi la musique mémorable de John Barry !
Et puis tout le reste : allez, regardez à nouveau le film en entier...

jeudi 16 septembre 2010

Effacement de souvenirs


À chaque automne, je suis sensible à la rentrée scolaire.

Je ne suis pourtant plus concerné personnellement. Mais pendant longtemps pour moi, l'automne c'était la rentrée des classes. Et j'étais submergé alors de souvenirs d'enfance de ces rentrées. Durant des années, j’ai vécu sur mon stock incroyablement riche de souvenirs personnels de rentrées des classes : odeur des couloirs, vision des portemanteaux en enfilade, frisson des cahiers neufs, des premières retrouvailles de copains, brillant des marrons tombés de l'arbre...

Puis, j'ai eu des enfants, et peu à peu, mes souvenirs personnels de rentrée des classes ont commencé à s'affaiblir : d'abord à se mélanger à ce que je vivais avec mes filles, puis à s'effacer doucement ; pas complètement, mais tout de même... Désormais j'ai plutôt le souvenir de mes propres souvenirs. Et les souvenirs les plus vivants et vigoureux à ma mémoire sont maintenant ceux de mes rentrées scolaires en tant que papa, et non plus en tant qu'écolier.

Et puis, cet automne, je n'ai accompagné aucun enfant à l'école, pour la première fois. Alors je me souviens des rentrées précédentes, avec déjà un peu de nostalgie. Et d'anticipation : un jour peut-être j'accompagnerai mes petits-enfants, si j’ai la chance d’en avoir, de les voir, et de pouvoir les conduire à l’école.

Ça me fera de nouveaux souvenirs. Et ceux-là, le jour où je commencerai à les oublier, cela voudra dire que l'heure est venue de ne plus chercher à empiler les souvenirs, à caresser mon passé, mais de vivre chaque minute au présent comme si c'était la dernière. La sortie ne sera plus très loin. Il faudra juste se dire que tout est bien.

Illustration : le Pont Neuf, à Toulouse, par Frédéric Richet.

mercredi 15 septembre 2010

Moi et l'univers

«Si l’univers est en pleine expansion, alors pourquoi je n’arrive jamais à trouver une place de parking ?»
Woody Allen

mardi 14 septembre 2010

C'est pas la forme ?


La semaine dernière, plusieurs internautes m’ont signalé, plus ou moins gentiment, que mes billets de rentrée étaient un peu tristes.

C’est vrai. Comme tout le monde, j’ai des passages plus ou moins joyeux, je suis plus ou moins en forme selon les périodes. En général, seuls les proches le perçoivent ; mais cela se perçoit aussi dans ce blog, qui est une forme de journal extime (la formule est de Michel Tournier), un journal intime destiné à des personnes dont beaucoup me sont inconnues.
Alors que faire ? Ne plus écrire si je ne suis pas en forme ? Faire semblant ? Ces deux solutions ne collent pas avec mes principes. Donc je continue d’écrire mais sans faire semblant. C’est d’ailleurs le principe du blog : parler de nos états d’âme et non toujours positiver.

Cela me rappelle un passage du très beau nouveau livre de mon ami Alexandre Jollien : "Le Philosophe nu". Il y raconte ces moments où il ne va pas bien, alors qu'il parle à d'autres d'équilibre et de bonheur : «Je devise sur la paix et je vis dans le trouble. Je console, encourage, prodigue mille et un conseils et pourtant mon coeur est en miettes. Singulières contradictions !"
Tout son livre est consacré à cette réflexion, et c'est bien sûr passionnant.

En attendant, ce qui me fait plaisir dans cette histoire - mes coups de mou sur le blog - c’est que les commentaires prennent le relais : en relisant ceux de la semaine dernière par exemple, j’ai le sentiment que ce qui s’y disait était largement plus intéressant que ce que j’avais écrit dans mon billet. Je m’en réjouis profondément, c’est signe que l’esprit du blog fonctionne : un partage de points de vue, où le billet du jour n’est qu’un point de départ.

Alors, au cas où vous ne le faisiez pas régulièrement : prenez toujours la peine de lire les commentaires (ou mieux, d’en écrire). Surtout les jours où l’auteur n’est pas en forme ! C’est souvent là que ça se passe...

Illustration : Saint-Jean Baptiste au désert.

PS : vous pouvez écouter Alexandre à Paris, ce mercredi 15 septembre à La Procure. Ou jeudi 16 à la FNAC.

lundi 13 septembre 2010

Grasse matinée


Vendredi, dans un mail de travail tardif, un copain me recommande de lever le pied et de faire une grasse matinée dimanche.
C’est manqué : je n’ai jamais pu faire une grasse matinée de ma vie.
J’ouvre en général un oeil avec le jour, quels que soient mes états d’âme. Quand je ne suis pas en forme, c’est l’inquiétude qui m’éveille («vite, faire toutes les choses qu’il y a à faire») et quand je suis en forme, c’est la joie, l’élan vital («vite, vivre, voir le ciel, les étoiles, le soleil»). Une impossibilité quasi-radicale de me rendormir ou de traîner au lit.
Et pourtant, je ne suis pas hyperactif, j’aime bien que les choses aillent lentement, calmement. Et j’aime bien dormir, aussi, j’adore ce moment où on se blottit dans son lit, et où on laisse défiler tout seuls les souvenirs de la journée.
Alors, tout de même, je relance le copain par un autre mail : «et toi, tu en fais, des grasses matinées ?» Non, lui non plus n’en fait jamais : nous sommes définitivement deux handicapés, incapables de comprendre les mystères (et les joies) de la flemme et du plaisir de traîner au lit...

Illustration : "Dormez, je le veux !" ( photographie d'Henri Zerdoun).

vendredi 10 septembre 2010

Crotte de nez


C’est deux petites filles à l’école, qui ont mis au point un sympathique système d’assistance mutuelle.
Lorsque l’une d'elle se mouche, elle se tourne vers l’autre en levant bien le menton vers le ciel. La copine se penche alors et la regarde par en dessous, comme pour inspecter ; tantôt elle dit : «c’est OK», tantôt : «souci à droite» ou : «souci à gauche».
Les copains et les profs ne comprennent pas tout de suite. Puis il réalisent que le dispositif sert à détecter les crottes de nez. C’est vrai que c'est trop la honte, une grosse crotte de nez qui reste coincée au bord de la narine...
Et nous, les grands, est-ce que nous osons les signaler à nos interlocuteurs, tous ces petits ratages de notre image ? Crottes de nez, brins de persil coincés entre les dents, et autres braguettes ouvertes...

Illustration : on peut aussi de débrouiller tout seul, mais c'est moins drôle...

jeudi 9 septembre 2010

Nouvelle normalité


"Je n'ai jamais été mariée, mais je dis toujours que je suis divorcée, comme ça tout le monde croit que je suis normale."
Cette phrase de Elayne Boosler nous fait rire, puis réfléchir, comme toujours quand l'humour est bon : drôle et profond.
La normalité aujourd'hui, ce n'est plus de vivre marié, mais d'avoir testé le couple. Sinon, on devient suspect : une personne célibataire est forcément un produit avec un vice caché, un humain défectueux, que personne n'a jamais pu supporter dans son intimité...

Illustration : deux humains normaux.

mercredi 8 septembre 2010

"J'ai lu quelque part que fumer provoquait le cancer. Depuis, j'ai complètement arrêté. De lire."
(Henny Youngman)

Pas facile, la psycho-éducation en médecine...

mardi 7 septembre 2010

Le deuil sera fait


"Le deuil sera fait, j’imagine, lorsque nous aurons retraversé sans le mort toutes les situations vécues une première fois avec lui, lorsque nous aurons revu tous les lieux connus en sa compagnie, et rencontré l’odeur de l’arbre à papillons qu’il aimait, et ramé de nouveau dans la baie, et soufflé dans un cor de chasse à la fenêtre d’un appartement angevin, et cassé un mur à la masse, et gratté un rythme de valse sur une petite guitare espagnole…, lorsque donc nous aurons parcouru de long en large le monde sans lui et revécu seul nos aventures communes. C’est aussi bien pourquoi le deuil ne sera jamais fait et pourquoi je hais cette expression stupide qui laisse entendre que celui-ci est un travail dont nous viendrions à bout comme de tout labeur avec un peu de bonne volonté et d’application."

C'était hier dans L'Autofictif, le blog d'Éric Chevillard.

lundi 6 septembre 2010

Le psy qui allait mal


Il y a une dizaine d’années, ou plus peut-être, je me souviens que nous avions organisé avec quelques collègues, lors d’un grand congrès de psychiatrie, un symposium consacré aux relations entre thérapeutes et patients, auquel nous avions invité des représentants d’associations de patients à venir parler à nos côtés. Du coup, c'est logique, de nombreux patients membres de ces associations étaient présents aussi dans le public. Cela ne se faisait pas trop à l’époque, et pas mal de nos confrères étaient hostiles à l’idée de mélanger ainsi les genres. Mais nous pensions que les avantages de ce genre de rencontres étaient très supérieurs aux inconvénients.
Malheureusement, à un moment, une main se lève dans la salle et un monsieur à l’oeil légèrement fixe se dresse pour poser une interminable et incompréhensible question, sur un ton exalté. Sourires entendus ou compatissants de quelques-uns : «voilà ce qui se passe quand on invite des patients...» Je me sens un peu embarrassé, mais je me dis que bon, c’est la vie, avec ses surprises et ses imperfections.
À la fin du symposium, le monsieur vient me trouver et m’explique, toujours assez exalté, qu’il est fait médecin psychiatre. Comment dire ? J’étais ennuyé pour lui, bien sûr, mais j’étais aussi et surtout soulagé ! Que celui qui soit apparu dans le rôle social du «fou» ait été un soignant me paraissait moins ennuyeux que si ça avait été un patient.
Bien sûr, on passe d’un stéréotype (les patients des psys sont des fous) à un autre (les psys sont aussi fous que leurs patients). Mais les psys peuvent mieux se défendre que leurs patients, alors comme on dit, c’est moins pire...

Illustration : un psy légèrement perturbé à son retour d'Inde (mais il a vu et appris tant de belles choses...).

vendredi 3 septembre 2010

Bénéfices de la fatigue


On se plaint tout le temps de la fatigue. mais elle a aussi des avantages.

Par exemple, elle régule nos comportements : la fatigue nous empêche d'aller au-delà de nos forces.
C'est dommage lorsque ces comportements sont utiles : l'épuisement des pompiers ou des pilotes de Canadair lors des grands incendies de forêt est une limite à la lutte contre le feu.

Mais elle est la bienvenue lorsque ces comportements sont casse-pieds : par exemple, autrefois, si quelqu'un qui se sentait très heureux avait envie de chanter à tue-tête, bien sûr ça cassait les oreilles de ses voisins, mais au bout d'un moment, le chanteur épuisé s'arrêtait. Et les voisins pouvaient souffler un peu.

Le souci, c'est qu'aujourd'hui, la technologie est venue à notre secours pour limiter notre fatigue. Alors, si quelqu'un se sent très heureux et qu'au lieu de chanter à tue-tête, il met sa sono à fond, c'est un souci : comme il ne sera jamais fatigué, les nuisances et les conflits vont rapidement atteindre un niveau élevé...

C'est l'évidence : les progrès techniques nécessitent des progrès psychologiques. Malheureusement, les premiers vont bien plus vite que les seconds...

Illustration : "Waf, on reste calme, elle va bien finir par fatiguer".

jeudi 2 septembre 2010

Fin du monde


De retour de vacances, je parcours l’agenda de mon téléphone portable pour me remémorer un peu ce qui m'attend au boulot. En survolant toutes les échéances d'un oeil distrait, je trouve dans la liste une date bizarre : un truc planifié pour 2068 ! Waw... Qu’est-ce que c’est que ça ? Une erreur, sans doute. J’ouvre et je lis : «1er décembre 2068, 18 heures : fin du monde».
C’est bon, j’ai compris, c’est encore un coup de mes filles : elles me chipent régulièrement mon téléphone pour y glisser des blagues, de faux messages, de faux rendez-vous, ou des photos de grimaces loufoques.
Mais sur la fin du monde, aucune d'entre elles n'a avoué. Alors, on ne sait jamais : je vous passe l’info au cas où....

mercredi 1 septembre 2010

La vérité ?

"La vérité est une terre sans sentiers."

(cité par Tiziano Terzani, dans son ultime ouvrage : Le grand voyage de la vie, Points, 2010)