vendredi 17 décembre 2010

Bonnes fêtes


Bonnes fêtes à toutes et tous, ceux qui fréquentent ce blog et ceux qui l'ignorent, ceux qui s'y expriment et ceux qui se taisent, ceux qui caressent et ceux qui agressent, ceux qui rient et ceux qui râlent, ceux qui arrivent et ceux qui s'en vont.

PsychoActif prend des vacances.

On se retrouve, en principe, si Dieu le veut, et vous, et moi, le lundi 3 janvier 2011.

Portez-vous bien.

Illustration : qui se cache derrière le hibou ?

jeudi 16 décembre 2010

Aime-moi peu


C’est une patiente, un jour, qui me parle de son enfance et de ses parents. De son père notamment, qui avait beaucoup de mal à accepter les relations amoureuses et sentimentales. Avec le besoin d’être aimé, comme tous les humains, mais la difficulté à l’être trop fort, comme certains.

Alors, elle me raconte qu’il disait à son épouse, la mère de la patiente : «aime-moi peu mais aime-moi longtemps, toujours.»

Pour éviter d’être étouffé par trop d’amour ?

Illustration : un couple qui s'aime depuis toujours, au fronton d'une cathédrale romane.

mercredi 15 décembre 2010

Atteindre son but

« Celui qui atteint son but a manqué tout le reste. »

Adage Zen

PS : si je me souviens bien, il me semble que j'ai lu cet adage pour la première fois dans un des commentaires de ce blog, il y a quelques mois...

mardi 14 décembre 2010

Propos sur le blog (2) : ravissements...


Après les agacements (voir billet d'hier) les ravissements : aider, apprendre et relativiser.

Aider : il me semble que ce blog rend service parfois, qu'il apporte par moments aux internautes un petit peu de soutien, d'éclairage, de sourire, de réconfort, de réflexion. Pas seulement mes billets, mais aussi les commentaires lorsque les discutants s'adressent les uns aux autres dans une démarche d'aide

Apprendre : il me semble aussi que de temps en temps, on apprend des choses sur ce blog. Là encore, pas seulement par mes billets : si j’apprécie de lire les commentaires que vous laissez, c'est parce que j'y apprends. Même si je ne me mêle pas à la discussion (manque de temps et surtout parti pris de laisser cette discussion totalement libre, sans l’influencer), je la suis. Et régulièrement, j’y trouve des perles : réflexions, témoignages, citations, liens... C’est presque tous les jours quelque chose d’étonnant, d’intéressant, de nourrissant, d’émouvant, de stimulant. Petits ravissements à découvrir ce qu’un groupe humain peut produire en termes d’intelligence et de sagesse ou d’originalité.

Relativiser : c'est une autre forme d'apprentissage. Nous en avons parlé hier : extraire ce qui nous plaît et nous touche de tout ce qui nous déplaît et nous attriste, en évitant la tentation de tout jeter à la poubelle, c'est un effort intéressant. Cela nous apprend à nuancer notre regard, à accueillir le monde dans sa diversité. Et finalement, à l'aimer...

Illustration : parfois, débattre élève (Le Mont Fuji, par Elliott Erwitt).

lundi 13 décembre 2010

Propos sur le blog (1) : critiques, insultes et vacheries...


J’ai pris le parti de ne pas censurer les discussions sur ce blog. À ce jour, les seuls messages que j’ai retiré l’ont été à la demande des internautes eux-mêmes, qui regrettaient leurs écrits.

Parfois, je me suis posé la question : certains commentaires sont très violents, durs, injustes. Et surtout, centrés sur les personnes, et non sur les propos. Et cherchant parfois à faire mal, par l’insulte ou l’insinuation.

C’est cela, le problème : on peut ne pas être d’accord, c’est très bien de le dire et d’expliquer. Calmement et sans agresser, ce serait parfait (et c’est souvent ce qui se passe sur ce blog, qui réunit des personnes plutôt bienveillantes).

On peut aussi être de mauvaise humeur ce jour-là, et du coup dire les choses en dévalorisant ou dénigrant les propos de l’autre. C’est pas terrible, mais ça passe encore.

Ce qui est très pénible, ce sont les insultes et les agressions adressées aux personnes qui se sont exprimées (les internautes ou moi-même). Sans doute sont-elles facilitées par l’anonymat que permet Internet.

Que faire ? Effacer ces messages ?
Il me semble préférable de les laisser là.

D’une part, ils nous sont bénéfiques : ils nous rappellent que la colère, l’injustice, l’aveuglement, parfois la mesquinerie ou la lâcheté, existent bel et bien (parfois même, nichés en notre propre coeur). Et ces agressions ad hominem dans le virtuel du Net nous vaccinent contre ces maux dans le réel de la Vie. En ce sens, ils sont même utiles, désagréables mais utiles.

D’autre part, il faut être cohérent : si je prône, en thérapie et dans la vie, de ne pas avoir peur du désagréable, de l’accepter pour mieux s’en libérer, ce n’est pas pour faire le contraire sur PsychoActif.

Voilà pourquoi je ne censure pas. Et pourquoi j’espère ne jamais avoir à le faire.

Demain : ravissements.

Illustration : parfois, débattre pique...

vendredi 10 décembre 2010

Rêve d’autorisation


C’est une patiente qui me raconte un rêve : son mari, mort il y a des années, a une maîtresse et est heureux avec elle.

Elle fait ce rêve alors qu’elle vient de rencontrer un homme avec qui elle envisage, pour la première fois, de se remettre en couple.

En se réveillant, elle ressent des états d’âme de tristesse et de soulagement : tristesse de cette «infidélité» onirique ; et soulagement, car elle va, elle aussi, s’autoriser une nouvelle vie de couple.

Elle espére que la liaison de son mari, «là-haut, au Paradis» comme elle me dit en souriant, le rend, lui aussi, heureux.

Après son départ, je reste quelques minutes tout empli de son histoire de deuil et d'amour, et à regarder la neige qui tombe au dehors, en songeant à ces vers d’Apollinaire (nous avons évoqué le bon Guillaume pendant notre discussion) :

«Ah ! tombe neige
Tombe et que n’ai-je
Ma bien-aimée entre mes bras»

Illustration : L'Amour, de Gustav Klimt (et non Le Baiser, comme annoncé au début, merci chers internautes).

jeudi 9 décembre 2010

Devenir immortel et mourir


Qui se souvient encore du cinéaste Jean-Pierre Melville ? Il a pourtant tourné quelques excellents films dans les années soixante (Le Samouraï, L’Armée des ombres, Le Cercle rouge...).

Il a aussi joué le rôle d’un écrivain, dans le film de Godard, À bout de souffle, dans lequel, pour répondre à la question «Que désirez-vous ?», il avait cette réplique : «Devenir immortel et mourir.»

Devenir immortel et mourir : lorsque les humains auront su s’immortaliser (à mon avis, c’est pour bientôt) n’auront-ils pas un jour, à la longue, l’envie irrésistible de disparaître ?

Illustration : Melville avec son célèbre chapeau et ses non moins célèbres lunettes noires.

mercredi 8 décembre 2010

Souffrance

« Ne pas chercher à ne pas souffrir ni à moins souffrir,
mais à ne pas être altéré par la souffrance. »

Simone Weil, La Pesanteur et la grâce

mardi 7 décembre 2010

La nage gracieuse du cygne



Lors d’un colloque, j’ai entendu il y a quelque temps une conférencière faire une belle comparaison : elle expliquait que, dans son métier, elle devait toujours donner l’impression que tout était simple et facile et harmonieux. Mais qu’en réalité c’était beaucoup de travail derrière, imperceptible et invisible pour les observateurs.

Alors elle comparait ça à la nage du cygne : il avance avec facilité et élégance, mais sous la surface, ses petites pattes palmées s’agitent avec énergie...

Combien d’efforts, passés et présents, derrière les apparentes facilités que nous admirons chez les autres ?

Illustration : une leçon de natation en famille.

lundi 6 décembre 2010

Qui a dit que le yoga ne servait à rien ?



C'était quand la dernière fois que vous avez éclaté de rire en lisant un livre ?
Pour moi, c'est avec celui-ci.
C'est un petit livre, édité à compte d'auteur. Pour en savoir plus sur son travail, et feuilleter quelques uns de ses ouvrages, cliquez.

Voici ma sélection de postures de yoga préférées :



La posture du grand désarroi d'avoir acheté du beurre doux et non demi-sel...









La posture du dépassement de la peur des commerçants...









La posture de la dissimulation d'un rougissement soudain...









Bref, tout ce qu'il faut pour vivre enfin sereins.

vendredi 3 décembre 2010

Gros chat


L’autre jour à Sainte-Anne, alors qu’il faisait très froid dehors, pendant une journée de consultations. Je quitte mon bureau pour aller bavarder un moment avec les infirmières, et je laisse ma fenêtre entrouverte pour aérer un peu. La pièce est au rez-de-chaussée.

En revenant, je referme la fenêtre, et je commence à répondre à mon courrier et à mes mails. Et tout à coup j’entends un bruit inhabituel, un ronronnement. Je cherche, et je trouve : un gros chat gris, endormi pépère sur le divan. Tranquille. Il est rentré se mettre au chaud.

C’est un de ces chats qui vivent dans les hôpitaux, que les patients et les soignants nourrissent, caressent et connaissent bien. Les infirmières du service l’ont bien identifié, celui-là. Il y a huit jours, il s’était laissé enfermer dans le bureau d’un collègue qui ne l’avait pas remarqué. Le problème c’est que c’était le vendredi après-midi. Et que jusqu’au lundi matin, le gros chat s’était livré à un peu d’exercice et autres activités variées...

Mais là, pas de souci, je lui propose de rester passer la journée au chaud dans le bureau avec moi. Ça lui convient. Je demande juste à chaque fois aux patients, avant de les faire rentrer, s’ils ont peur des chats. Mais ce jour-là, pas de phobique des chats, au contraire, tout le monde est amusé de sa présence.

Et moi aussi. Il me fait du bien, un copain dans le bureau pour la journée. De temps en temps, je le regarde du coin de l’oeil. Il dormira tout l’après-midi. À un moment, il fait sa toilette et se lèche soigneusement, en pleine conscience. Comme un grand maître Zen : absolument dédié, de tout son être, à ce qu’il fait. Je me régale de l’observer.

Et comble d’ironie, je suis obligé de le déloger peu avant 17h (je ne veux pas retrouver mon bureau en triste état demain matin) pour justement aller animer notre séance de Pleine Conscience du lundi soir.

Salut le chat, bon courage et merci pour tout !

jeudi 2 décembre 2010

Obligés de respirer


La «terrifiante» obligation de ne jamais s’arrêter de respirer...

J’ai rencontré plusieurs fois des patients très anxieux pour qui penser à cela devenait parfois un point de départ à des attaques de panique. Ils me racontaient que depuis qu’ils étaient petits, ça les prenait parfois, en prenant conscience de leur dépendance à l’air, inspirer, expirer, et comme ça jusqu’à la fin des temps...

Je me souviens d’une patiente pour qui le pire cauchemar aurait été de finir dans un poumon artificiel, vous savez, ces énormes machines dans lesquelles on plaçait autrefois les personnes chez qui la poliomyélite avait paralysé les muscles respiratoires. Il fallait toujours quelqu’un pour activer le soufflet. Puis, avec l’électricité, ça marchait tout seul, mais tout de même...

Je me souviens qu’au début, je récupérais un peu ses angoisses à force de l’écouter et de travailler sur ça avec elle, et qu’une ou deux fois je me suis réveillé alors la nuit avec l’impression de m’étouffer. Puis ça m’a passé, et à elle aussi. Depuis que je pratique la méditation de pleine conscience, je crois bien que cela ne m'est plus jamais arrivé ; et à la patiente non plus.

Je me souviens que le terme «poumon d’acier» m’impressionnait, moi aussi, quand j’étais enfant.

Je suis bien content que le vaccin contre la polio ait été inventé...

Illustration : un poumon d'acier d'autrefois.

mercredi 1 décembre 2010

Respirer et penser

« Il est deux processus que les êtres humains ne sauraient arrêter aussi longtemps qu’ils vivent : respirer et penser. En vérité, nous sommes capables de retenir notre respiration plus longtemps que nous ne pouvons nous abstenir de penser. À la réflexion, cette incapacité à arrêter la pensée, à cesser de penser, est une terrifiante contrainte. »

George Steiner, Dix raisons (possibles) à la tristesse de pensée.