lundi 29 octobre 2012

Un moment parfait


C’est un matin d’automne, tôt (6h30) dans la cuisine, nous prenons le petit déjeuner avec ma deuxième fille. Il fait noir dehors. Parfois nous sommes encore endormis, et la conversation est sommaire. Mais parfois, ça discute ferme. C’est le cas aujourd’hui.

- « Papa, hier j’ai vécu un moment parfait !
- Wow, cool ! C’était quoi ?
- Eh bien, j’étais sortie du lycée avec mes copines, et on était dans un restaurant trop trop sympa et trop pas cher {un jour par semaine, comme elle dispose de 2 heures, nous lui permettons de ne pas manger à la cantine}. J’étais là, devant mon assiette, et tout à coup, je me suis sentie comme en train de sortir de mon corps et de regarder ce qui m’arrivait : j’étais là, bien au chaud et au sec alors qu’il pleuvait et faisait froid dehors, toutes mes amies étaient là autour de moi, on mangeait des bonnes choses, et en plus, il y avait des morceaux de Gainsbourg qui passaient en boucle {son chanteur favori}. C’était trop trop stylé !
- C’était le bonheur !?
- C’est ça : pur bonheur ! Bon, ça n’a pas duré, après il a fallu retourner en cours, et c’était chaud, le programme de l’aprèm ! Mais ça m’a fait drôle de sentir ce moment comme ça, du dedans et du dehors. »

Nous parlons alors un peu de théorie, du bonheur comme prise de conscience des instants plaisants de notre vie. Pas bien longtemps, car le temps presse, il faut aller s’habiller et se brosser les dents...

Mais ça m’a procuré à moi aussi du bonheur, d’entendre ma fille me raconter ce petit moment de transcendance d’un moment agréable. Bonheur de savourer le bonheur des autres…

Illustration : un autre exemple de moment parfait, pour ce petit cavalier danois photographié dans le château de Rosenborg. Ce n'est que pour un instant, ça ne dure pas forcément longtemps, mais quelle importance ?

lundi 22 octobre 2012

Ce qui est important


Lors du récent colloque Émergences de Bruxelles, Pierre Rabhi nous disait : « Les humains se demandent souvent s’il existe une vie après la mort. Nous ferions mieux de nous poser la question de la vie que nous sommes en train de mener avant notre mort ! »

Petits mots et grands effets ; dans mon cas en tout cas… Dans le train qui me ramène à Paris, le lendemain, je réfléchis à ces paroles, et surtout à la manière de les faire vivre au quotidien.

À chaque instant, ou du moins le plus souvent possible, me demander : que suis-je en train de faire de ma vie ? Suis-je en train de m’éloigner de mes priorités et de mes valeurs ? Et si c’est le cas, depuis combien de temps ?

C’est ce dernier point qui compte. Bien sûr que nos existences vont nous éloigner régulièrement de là où nous voulons aller, bien sûr que nous allons perdre le cap. Mais quels efforts mener alors ? Pas forcément, ou pas seulement, de très grands efforts, pas seulement de grand changements de vie. Mais aussi de petits efforts de rien du tout, maintenant, tout de suite. Des efforts plus près encore de chaque instant de notre quotidien.

Quelle que soit ma journée : ai-je souri ? ai-je donné ? ai-je aidé ? ai-je aimé ? ai-je admiré ? au moins une fois ? au moins un peu ?

Si je l’ai fait, alors j’ai vécu. Alors, tout pourra arriver. Alors, tout est bien…

Illustration : quelque part au Québec, le dialogue de la vie et de la mort...

vendredi 5 octobre 2012

Que la lumière continue de vous éclairer


C'est un soir d’hiver de l’année dernière, à Sainte-Anne, alors que la nuit commence à tomber de plus en plus tôt, et que je viens de terminer mes consultations. Je sors du service j'enlève l'antivol de mon vélo, et je découvre en rangeant mon cartable, un petit mot accroché à une des sacoches. Le papier est un peu jauni, il doit être là depuis quelque temps.

Il porte ces quelques lignes : « Que la lumière continue de vous éclairer. Soyez béni. Merci. » Et un petit visage souriant dessiné.

Je me demande qui a bien pu mettre ce papier là ? Qui a eu besoin ou envie de me dire merci ? Et comme c’est tout près de la lumière arrière de ma bicyclette, je ne sais pas si c’est une allusion à son travail de catadioptre, d’indiquer aux voitures que je suis là, dans la nuit, pour ne pas me faire renverser, pour protéger ma vie. Ou si c’est une autre lumière à laquelle la phrase renvoie. Venue de beaucoup plus loin et de beaucoup plus haut. Et beaucoup plus puissante.

Je n’ai aucune réponse à mes questions, mais je suis ému jusqu’à la moelle. Je reste debout quelques minutes avec le tout petit bout de papier entre les mains. Je le mets ensuite dans la poche de ma chemise, tout contre mon cœur. Et je pars en pédalant dans la nuit froide de l’hiver qui tombe, tout plein de joie et de gratitude. Aucun coup de pédale ne me coûte, l’air froid ne brûle même pas mon visage. Je me sens juste infiniment chanceux et heureux. Savoir qu'un être humain a pensé à nous avec affection, ne serait-ce qu'un instant, peut nous nourrir au-delà de tout.

Qui que tu sois, merci à toi. Que cette même lumière éclaire aussi ta propre vie.

PS : PsychoActif va se mettre en repos pour 15 jours, nous nous retrouvons le 22 octobre. Que la lumière continue de vous éclairer...